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Chapitre 01 – Le cadavre est-ce qui.

La petite voiture de sport, un cabriolet Triumph rouge, rangée au bord de la chaussée à l’orée du bois de Boulogne fit se retourner Manuel De Frutos. En cette période de l’année les promeneurs se faisaient rares dans ce secteur boisé et marécageux, surtout en raison des inondations de l’Adour capricieuse. Comme tous les après-midi, lorsqu’il ne pilotait pas un TGV entre Paris et Dax le cheminot entretenait sa condition physique. Il préparait le marathon du Médoc.

Ce lundi c’était la première fois qu’il remarquait un véhicule stationné à l’entrée de la piste qu’il empruntait presque chaque jour en footing. Il tombait une pluie fine pénétrante et pourtant la capote de la voiture était relevée. Ce détail intrigua Manuel, d’autant plus qu’il apercevait deux personnes installées aux places avant. Il pensa tout d’abord qu’il s’agissait d’un couple excentrique, comme il en existe tant aujourd’hui. Ne souhaitant pas s’attirer des problèmes inutiles en tombant sur des gens belliqueux il allait s’éloigner. Son caractère charitable l’en dissuada, ce couple pouvait avoir un souci et besoin d’aide.

Un souci, un euphémisme, Manuel regrettait de s’être approché du véhicule et de n’avoir pas poursuivi sa course sans s’inquiéter d’honnêtes promeneurs. A la place du conducteur un homme affalé sur le volant saignait au niveau du crâne. La passagère, une jeune femme blonde tête rejetée en arrière ne bougeait pas. Un filet de liquide brun coulait de la commissure de ses lèvres au bas du menton et une énorme tache de sang maculait son chemisier blanc qu’elle portait sous une veste grise.

Le cœur de Manuel se mit à batte la chamade, pétrifié il ne savait pas comment réagir. Il ne prenait jamais son téléphone portable lorsqu’il partait courir, une mauvaise habitude. Le conducteur respirait de manière saccadée. La jeune femme en revanche, les yeux révulsés, semblait décédée. Manuel fut pris d’une terreur panique. Le choc émotionnel l’empêchait de se concentrer, il s’affolait. Il apercevait deux ronds lumineux au loin, un véhicule tous phares allumés s’approchait à faible allure, une bouée de sauvetage pensa-t-il. Il se mit au milieu de la route et agita les bras comme un sémaphore. Le conducteur stoppa sa voiture juste derrière le cabriolet. Un homme en sortit et s’approcha de Manuel.

- Un problème monsieur, je peux vous aider ?

- Oui, vite, vite ! Je crois qu’elle est morte et lui n’en est pas loin. Je ne sais pas ce qui est arrivé. J’ai remarqué la voiture arrêtée alors que je faisais mon footing.

L’homme surpris par les événements se proposa pour aller chercher du secours. Lui non plus ne possédait pas de portable. Manuel qui tremblait comme une feuille et refusait de rester seul à proximité de la voiture s’y opposa.

- Non, non restez là, j’alerte le gardien du camping, il va se charger d’appeler les secours.

Le joggeur, de sa foulée de champion fila jusqu’à l’accueil du camping « Les Chênes »...