Beaumann a dû donner les consignes préalables au chauffeur qui embraye avec brusquerie et prend la direction du centre-ville. Du coin de l’œil j’observe le boss à qui, contrairement à moi, cette déprimante virée a donné le sourire. Il semble heureux, satisfait de sa personne, absorbé par des pensées positives. Sans se préoccuper de ma présence il saisit dans la poche interne de sa veste un paquet de Marlboro et une petite boîte d’allumettes. Il enflamme d’un geste vif une bûche avec laquelle il allume la tige qu’il a cueillie du bout des lèvres à même le paquet. Il tire deux grosses bouffées, une épaisse fumée emplit l’habitacle. Suffisant et béat il me vomit, goguenard :
— J’ai horreur des briquets, allumer une blonde avec une suédoise c’est tout de même plus sensuel. Je présume que le tabac ne vous gêne pas.
— Pas du tout. Vous non plus j’espère ?
Le monopole du boucanage n’étant pas réservé aux hommes mal embouchés j’avoue que tout ce qui se crapote me fait vibrer, la cigarette comme le cigarillo et parfois même la pipe après un bon repas.
Puisqu’il n’y a pas de plaisir où il y a de la gêne, je sors de mon sac la petite boîte de Davidoff club qui ne me quitte jamais, dix petits cigarillos d’une douceur inimaginable. J’en allume un avec gourmandise à l’aide de mon Zippo que je fais claquer sur ma cuisse à la manière de Clint Eastwood dans GranTorino.
— Voyez commissaire, un Davidoff, rien de tel pour apprécier un excellent whisky irlandais. Moi je craque souvent pour un Bushmill, bien vieilli en fûts, dont le goût rappelle à la fois les fruits secs et les épices. Pas vous ? Et un Zippo, quoi de plus charnel ?
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